Identifier la nature d’une blessure ancienne à l’origine de nos souffrances actuelles n’est pas chose aisée ! Nous pouvons remercier Lise Bourbeau pour son travail et son partage à travers son libre très intéressant des 5 blessures émotionnelles. Sa lecture vous aidera à avancer vers la prise de conscience.
Comme dans toute libération de blessure intérieure, il est souvent nécessaire d’aborder différentes méthodes, permettant les unes après les autres, d’enlever les fameuses couches d’oignons, puisque l’inconscient, l’esprit et le corps ont besoin de temps et d’étapes progressives pour soigner les blessures à leur racine.
1 – Identifier la blessure d’abandon
Si Lise Bourbeau, dans son livre des 5 blessures émotionnelles donne des indications concrètes permettant de vous guider vers l’identification de la blessure à l’origine de vos souffrances et de vos croyances limitantes, d’autres professionnels du développement personnel apportent d’autres méthodes. Isabelle Cerf, dans son livre du Shadow Work apporte une aide efficace également.
Vous avez peut-être déjà utilisé ces outils sans pour autant réussir à lever tous les blocages, comme si la blessure n’était plus réactivée dans certaines situations mais toujours aussi confrontante dans d’autres situations. L’accompagnement d’un psychologue peut être nécessaire, certaines blessures causant parfois des idées noires, des difficulés liées à l’alimentation, avec des répercussions non négligeable sur la santé physique et mentale.
On parle de blessure d’abandon chez les personnes ayant souffert dans leur petite enfance d’une forme d’abandon par leur figure d’attachement (mère ou père, grand-mère ou grand-père, selon les situations…), grave ou non : la gravité de la blessure peut être grande, même lorsque le traumatisme a l’air “minime”. Par exemple, une maman part travailler, confiant son enfant à la nourrice, en toute sécurité, mais l’enfant le vit comme un terrible abandon. Chaque humain réagit différemment émotionnellement à une situation similaire. Vous pouvez donc souffrir de ce qu’on appelle une blessure d’abandon sans avoir été abandonné à proprement parler.
Voici quelques manifestations de cette blessure dans la vie adulte (il n’est pas nécessaire de les avoir toutes pour estimer souffrir d’une blessure d’abandon) :
- panique ou peur disproportionnée : vous n’avez pas de nouvelles de votre amoureux depuis quelques heures et cela vous rend fou. Cette absence de communication crée un vide, et cette sensation de vide peut être extrêmement difficile à vivre pour quelqu’un ayant subi une blessure d’abandon, cela peut même réveiller des idées noires, une forme de violence émotionnelle envers soi et/ou envers l’autre, un besoin de consommer en excès (fumer, manger, boire…) ou un problème d’anorexie… Cette peur panique est assez caractéristique car elle est en général impossible à canaliser tant quelqu’un ne vient pas rassurer.
- difficulté à résoudre des choses seul :
- rester seul est angoissant
- sortir de la tristesse, de la panique, de la colère ou d’autres émotions douloureuses est impossible sans la simple présence de quelqu’un. Il ne s’agit pas forcément de demander de l’aide à quelqu’un, mais peut-être même simplement de croiser un autre humain dans la rue pour sentir un apaisement
- tendance à manger, fumer ou boire plus lorsque vous êtes seul
- besoin de faire valider vos prises de décisions par quelqu’un d’autre
- On peut alors parler d’une forme de dépendance affective : sans la présence de l’autre, ou l’affection de l’autre, je suis incapable de gérer une émotion envahissante. Le simple fait que cet amoureux réponde à la personne souffrant d’une blessure d’abandon peut suffire à mettre fin à la souffrance (jusqu’à ce qu’une nouvelle situation déclenche la réaction émotionnelle disproportionnée). La personne souffrant de la blessure d’abandon peut aussi réussir à sortir de ces moments de crise en se tournant vers un autre proche, qui vient combler l’incapacité à se rassurer soi-même. Ici, la dépendance affective se traduirait comme ceci : si je n’ai personne pour venir me sauver, je ne peux pas sortir de cette souffrance, j’ai peur de mourir ou de ne pas subvenir à mes besoins vitaux.
- relation fusionnelle : vous avez cet ami, ce frère ou cet amour dans votre vie avec qui vous souhaitez rester sans cesse en contact, voire même avec qui vous êtes littéralement “collé” ? Peut-être avez-vous une difficulté à accueillir la “défusion”, peut-être que cette défusion est pour vous source d’angoisse, que vous en ayez conscience ou pas. La peur de l’abandon peut expliquer cela, même si pour vous, la fusion est quelque chose d’agréable. Elle pourrait en fait être le signe d’un sentiment d’insécurité, d’un attachement anxieux ou d’un attachement évitant par exemple (c’est à dire que l’on s’attache à l’autre dans des mécanismes non sereins, comme dans la dépendance affective où l’autre ne doit surtout pas s’éloigner). D’ailleurs, peut-être rencontrez-vous des difficultés émotionnelles lorsque vous ne pouvez pas fusionner, problème que connaissent bien certaines “Flammes Jumelles“
- Solitude mal vécue : vous pouvez avoir conscience de ce problème, ou ne pas en avoir conscience. Par exemple, vous vivez seul depuis longtemps, savez tout faire seul, et pensez donc n’avoir aucun problème avec la solitude. Mais, en lisant le paragraphe suivant, vous pourrez peut-être réaliser que certaines émotions ou pensées vous traversent dans les instants de solitude, qui sont plutôt sombres…
2 -Observer vos ressentis
Cette observation de soi demande un certain effort, notamment celui de mettre son ego de côté. En effet, il est fréquent qu’on ne veuille pas voir ses pires souffrances, ses vulnérabilités. Observez les PREMIERS ressentis dans les situations suivantes et notez-les. Vous pouvez reproduire cet exercice plusieurs fois d’affilée, pour avancer progressivement dans la prise de conscience, qui est en soi déjà libératrice.
- Lorsqu’un ami ne vous répond pas rapidement, ou pas aussi vite que d’habitude : quels sont vos premiers ressentis ?
- Lorsqu’on vous fait attendre : quels sont vos premiers ressentis ?
Pour chacune de ces questions, si vos réponses ressemblent à celles-ci, vous pouvez poursuivre la lecture de cet article pour vous libérer davantage :
-
- vous lui en voulez ? (car il vous met face à un vide qui rappelle la blessure d’abandon, que vous en ayez conscience ou non à ce jour)
- vous vous en voulez ? (car vous lui reprochez une forte souffrance qu’il aurait pu éviter, mais qui toutefois est disproportionnée)
- vous paniquez ? (comme quelqu’un au bord d’un précipice, comme quelqu’un qui s’inquiète de ce qui a pu se passer ou d’avoir fait quelque chose de mal)
- Lorsque vous ne pouvez pas atteindre un objectif rapidement :
- vous mettez en place d’autres projets, comme une forme de boulimie d’activité (vous faites plein de choses, pour ne surtout pas sentir ce vide, vous remplissez une forme de vide)
- vous devenez impatient et sollicitez les personnes éventuellement concernées pour qu’elles accélèrent, cela pouvant même mener à une forme de pression, d’agressivité, selon le ton employé, les termes utilisés…
- vous abandonnez le projet, plutôt que de supporter l’attente qui est invivable pour vous
- Lorsque vous êtes seul : vous ne pouvez pas rester sans rien faire, vous écoutez toujours de la musique, consultez toujours un écran, vos messages, vous travaillez et enchaînez les tâches ménagères, jusqu’à l’épuisement peut-être même, car vous n’arrivez pas à accueillir “le vide” que crée l’inaction, l’absence de mouvement, de présence, d’échange, de son, d’image…
- Lorsque vous êtes avec quelqu’un, vous cherchez sans cesse une relation nourrissante, enrichissante, rassurante ou intense, parce que la relation sans tensions vous rappelle une forme de vide.
3 – L’admettre !
C’est une étape qui prend une seconde en soi, mais qui peut prendre toute une vie tellement il est difficile de faire face à ses peurs parfois abyssales liées à la blessure d’abandon. Mais l’admettre est incontournable. Sans admettre qu’on a peur d’être abandonné, même si on a su mettre en place plein de mécanismes pour le gérer à “merveille”, vous ne pouvez pas vous libérer de cette blessure. Elle ressurgira donc de manière différente au fil de votre vie, par exemple en vous faisant vivre une histoire d’amour qui la réveille !
Vous n’avez pas besoin de retrouver l’événement exact qui a causé cette souffrance et c’est une chance. La libération d’une blessure émotionnelle se fait généralement par couches, en vivant des expériences de vie, en consultant un spécialiste. Il “suffit” d’admettre nos souffrances, sans forcément les catégoriser de “blessure d’abandon”, pour pouvoir passer à l’étape suivante : se libérer.
4 – Ecrire à la personne qui a “blessé”
Comme expliqué en début d’article, la blessure d’abandon est causée lors d’une situation ou un jeune enfant se sent abandonné (et cela a pu se reproduire de nombreuses fois lors de l’enfance) même si ce n’est pas vraiment ce qui s’est passé : pour lui, c’est ce qui s’est passé en termes d’émotions. Sa mère l’a laissé alors qu’il avait besoin d’elle, même si elle était juste partie faire pipi ! Cet enfant blessé aurait eu besoin d’exprimer des choses à sa mère ou à cette personne, mais il n’a pas pu, car elle n’était pas là ou car il était trop jeune. Les émotions étaient si dures à vivre qu’elles ont pu être refoulées, non digérées. La libération de la blessure passe par la digestion de ces émotions, et donc par leur expression potentiellement ou par une thérapie chez un spécialiste.
Voilà pourquoi il est conseillé aux personnes souffrant d’une blessure d’abandon ou de douleurs émotionnelles qui lui ressemblent, de se remettre dans la peau de cet enfant qui a pu vivre une situation d’abandon : abandon physique (maman est partie), abandon affectif (maman tu es là mais tu m’ignores), abandon “alimentaire” (maman j’ai faim mais tu ne me nourris pas)…
Je vous donne ici un exemple de lettre que cet enfant aurait pu écrire.
“Maman, lorsque j’ai eu besoin d’être nourri/aimé/écouté/rassuré, tu m’as laissé. Je me suis senti abandonné, je t’en ai voulu et j’ai eu peur face à ce vide (notez ici la grandeur de ce vide pour vous : insurmontable, abyssal, douloureux…). J’ai été en colère car c’est injuste de se retrouver seul lorsqu’on a besoin de l’adulte pour surmonter une difficulté. Aujourd’hui, j’ai 39 ans, je réalise que je suis grand, adulte, que je peux faire face à la solitude, au vide, sans en souffrir, sans risquer de mourir (de faim, de soif, de peur…). Je réalise que si tu n’as pas été disponible à ce moment-là, c’est sans doute que tu ne pouvais pas faire autrement, ce n’est pas que tu m’abandonnais en réalité, ou bien si c’est le cas, tu n’avais pas d’autre choix. Je peux te pardonner et me pardonner de t’en avoir voulu, car je veux la paix pour moi et pour toi.”
5 – Ecrire à son enfant intérieur
Mettez-vous à présent dans votre propre peau ! Celle de l’adulte que vous êtes, indépendant, solide et rassurant, capable de mettre cet enfant intérieur blessé, encore coincé dans un traumatisme d’abandon, en sécurité (affective, financière, matérielle, physique).
“Cher petit (votre prénom), tu as vécu une terrible souffrance car tu t’es senti abandonné par la personne la plus chère à ton coeur, celle dont tu avais besoin, celle qui devait t’aimer inconditionnellement et être omniprésente. Mais cette personne a elle aussi ses failles d’être humain, elle a sûrement fait tout ce qu’elle a pu en fonction de ce qu’elle a vécu. Aujourd’hui, j’ai 39 ans et je suis cette personne qui va te rassurer quand tu as besoin, comme c’est le cas aujourd’hui, t’apporter tout ce dont tu as besoin : de l’attention, de l’amour, de la nourriture, de la chaleur… Et toi aussi, tu as 39 ans, toi aussi tu es adulte, mâture et indépendant sur le plan affectif et matériel, désormais. Tu peux sortir de cette blessure dans laquelle tu es resté figé. Tout va bien se passer. Pardonne-toi, pardonne à ton parent, car vous avez tous les deux fait tout ce que vous pouviez dans ces moments-là. Je t’aime, je t’aimerai toujours, je serai toujours là pour toi”.