Vous avez déjà entendu parler de l’ego plus d’une fois dans votre vie sans doute, sans vraiment en comprendre le sens. Le mot ego fait par ailleurs penser au mot égoïste qui a une connotation assez péjorative, n’arrangeant rien à votre difficulté à comprendre ce qu’est l’ego ! L’ego pourrait aussi être appelé “Le Moi”. On a d’ailleurs cette idée que l’égoïste dit souvent “moi je”.
On pourrait dire que l’égoïste est quelqu’un qui ne pense qu’à lui, et il y a évidemment plusieurs niveaux d’égoïsme. Dans notre société la morale voudrait que l’on soit altruiste et non egoïste. Cependant, être altruiste sans avoir certaines limites ou certaines capacités à se défendre, peut nous mettre dans une posture de fatigue relationnelle, d’enfermement du Moi (je privilégie les autres, je ne M’écoute plus, je ne réponds plus à Mes besoins, je M’étouffe), voire même de posture de victime.
Aujourd’hui, on nous invite parfois à devenir “égoïste”, sous-entendu à penser d’abord à soi, sans forcément vouloir léser les autres, les écraser, les omettre ou profiter d’eux. Pourrait-il donc y avoir une forme d’équilibre dans l’égoïsme / altruisme, qui nous permette d’être à l’écoute de l’autre, dans le respect de ses limites à lui, sans jamais négliger ses limites à soi ?
L’ego, le Moi, est cette partie de nous qui réagit souvent de manière instinctive voire chevaleresque pour nous défendre. Par exemple, quelqu’un vous demande de l’aider sans cesse et vous avez l’impression qu’il ne prend pas en considération le fait que vous avez d’autres choses à faire, que vos limites ne sont pas respectées, et l’ego réagit : “ah ça suffit hein, moi aussi j’ai une vie !!”
Cette partie de vous qui vous aide à poser des limites est vitale. Du moins jusqu’à ce que vous appreniez à ne plus vous sentir menacé par les réactions abusives des autres, jusqu’à ce que vous appreniez à vous positionner en conscience, à poser des limites de manière sereine et ferme à la fois. Alors, votre ego pourra se taire, car vous serez votre propre défenseur. Votre ego existera jusqu’à ce que vous sachiez vous défendre consciemment et sereinement, mais surtout subtilement.
Par exemple, pas besoin d’envoyer bouler quelqu’un qui ne vous respecte pas, vous pouvez lui parler avec repartie et complètement retourner la situation; Mais comme l’ego s’exprime souvent de manière impulsive et agressive, autoritaire, vous aurez besoin d’apprendre à le dompter. Vous pourrez alors de venir ce genre de personne qui se font naturellement respecter sans forcément se fâcher parce que “maintenant ça suffit!”
Dompter l’ego permet d’aimer l’autre quel qu’il soit : aimer au sens de “je veux ce qu’il y a de mieux pour l’autre et pour moi”. Vous pourrez alors découvrir peut-être des choses importantes que cette personne a à partager ou à vous donner, vous apprendre…
Plus l’ego est fort, plus il est probable que vous ayez des croyances fausses et fortement ancrées (“si je laisse cette personne s’éloigner de moi, je vais me retrouver seul, triste et sans vie” => l’ego répond “tu pourrais me répondre quand même !” car on se sent insécurité, abandonné). Ces croyances fausses et angoissantes sont liées à des blessures intérieures d’enfance souvent (ou de traumatismes adultes aussi) non guéries.
Plus votre ego est fort, (plus vos blessures émotionnelles sont douloureuses voire violentes), plus vous risquez de vous exprimer avec agressivité et donc de faire porter à l’autre une agressivité qu’il ne mérite pas. Car personne ne mérite d’agressivité d’abord, et encore moins si cette agressivité est en réalité celle de cette partie de vous qui enfant, a été terriblement blessé, aurait eu besoin de hurler sa colère face à la personne qui l’a d’une certaine façon abandonné. Si vous pensez que ce sujet peut vous aider, vous en découvrirez plus ici.
Vous ne pouvez pas être sain dans vos relations en laissant l’ego prendre le dessus, et parfois la vie vous met réellement au défi en vous mettant en lien avec quelqu’un qui vous fera revivre la blessure de manière si intense que vos réactions seront complètement disproportionnées, notamment dans le parcours flamme jumelle ! Voilà pourquoi il est intéressant de savoir jongler avec l’ego, au fil du temps et du travail sur soi : dans le but de ménager les autres, sans se perdre soi. Et en réalité, se débarrasser de l’ego se fait souvent en guérissant ses blessures, ses peurs, mais aussi en lâchant prise sur l’ego, pour mieux générer sa puissance intérieure consciente. Je veux exprimer cette chose de manière juste et non démesurée, par amour pour l’autre, par respect pour moi-même aussi.
Comment évaluer son ego ?
Si vous cherchez à diminuer votre ego, c’est peut-être que vous souffrez d’avoir des réactions trop égoïstes, trop fières, trop agressives, trop colériques. Ce mp3 sur la colère peut être une première aide :
Par exemple, quelqu’un ne répond pas à vos messages depuis un laps de temps inhabituel, vous décidez par fierté, de ne pas le recontacter. Vous lui en voulez, puis peut-être que vous vous en voulez de lui en vouloir. Bref, ce n’est pas fluide, agréable ni sympathique ! Alors que cette personne peut ne rien à voir contre vous. Peut-être qu’elle vit quelque chose qui l’empêche de communiquer comme avant. Qu’elle a vu un changement de comportement chez vous (pas forcément mauvais !) et qu’elle pense que vous ne voulez plus communiquer. Ou qu’un changement est arrivé et qu’elle communique moins sans pour autant vous aimer moins ou vous respecter moins.
Si vous avez encore trop d’ego, vous le prendrez pour vous ce changement de comportement : “il m’abandonne, il ne me respecte pas, il m’ignore, je mérite mieux…”. Si vous avez lâché prise sur votre ego, vous laisserez à l’autre le temps de revenir vers vous librement, ou vous reviendrez vers lui en paix, parce que vous ne prendrez pas sa réaction comme étant dirigée contre vous. Bref, vous avez lâché une forme de fierté, qu’on attribue aussi à l’ego. Cela peut nécessiter d’avoir pris une forme d’indépendance, de se libérer donc de croyances du type “l’autre ne me répond pas, alors je n’existe pas à ces yeux, il pourrait quand même me montrer que j’existe, je ne suis pas n’importe qui”.
La destruction de l’ego permet de ne pas entrer dans des batailles de type “tu me donnes tant, je te donne tant. Tu m’ignores, je t’ignore”, souvent justifiées sous le prétexte d’un besoin d’équité, de se faire respecter. Au final, nous pouvons aussi remettre en question la notion d’équité. Est-ce que c’est équitable que deux personnes se donnent tant l’une à l’autre, alors que peut-être l’une traverse une période compliquée, épuisante ou traumatisante ? Peut-être qu’elle ne peut pas en parler parce qu’elle ne s’en rend même pas compte… Peut-être qu’elle pense que c’est mieux de moins communiquer avec vous pour ne pas vous faire de mal…
Est-ce que dans ce cas, l’ego ne devrait pas être mis de côté parce que l’équité altruiste voudrait qu’à ce moment, nous donnions de notre énergie à celui qui en a le moins par exemple ? Sans forcément attendre en retour qu’il en donne un jour à son tour… car cela serait un soutien conditionnel, là où l’humain a besoin de soutien inconditionnel.
Le soutien conditionnel c’est “je te soutiens, mais si tu ne me soutiens plus, j’arrête de te soutenir” ou “je te soutiens mais seulement si tu me fais rire ou si tu m’admires”.
Le soutien inconditionnel c’est “je te soutiens, et je te laisse libre de ne pas me soutenir en échange, de ne pas m’accorder de temps, de partir même, je ne t’en voudrai pas”.
Evaluer votre ego passe par écouter ce qui vibre en vous dans vos relations aux autres, surtout quand vous êtes contrarié, vexé ou que vous en voulez à quelqu’un. Essayez d’aller plus loin dans l’analyse lorsque vous avez de tels sentiments. Est-ce que je fais ça pour me défendre, alors que je ne suis pas attaquée en réalité ? Est-ce que ma réaction est disproportionnée ? Agressive ? Est-ce que c’est vraiment juste pour cette personne ? Pour vous aider, vous pouvez aussi poser la question à cette personne : qu’as-tu ressenti quand je t’ai dis sous le ton de la colère que tu pourrais me donner des nouvelles quand même ? Et faites preuve d’humilité, de remise en question.
Une astuce toute simple pour vous évaluer : relisez les messages que vous savez potentiellement écrits sous le coup de la colère, lorsque vous avez voulu poser des limites par exemple, ou recadrer quelqu’un qui ne vous respectez pas. Vous pouvez aussi, la prochaine fois que vous avez envie de recadrer quelqu’un ou de lui demander de changer quelque chose dans son comportement, enregistrer un vocal, où vous vous exprimeriez complètement librement à cette personne, mais sans lui envoyer. En le réécoutant, plusieurs fois peut-être, sur plusieurs jours si nécessaire, plusieurs semaines même, vous percevrez des réactions de votre part, des paroles, une agressivité peut-être injustes pour l’autre (si vous ne le percevez pas, c’est que vous n’avez pas encore accepté l’idée que vous avez un ego prédominant parfois, ou que ce n’est pas vous qui écoutez ce vocal mais une partie de vous blessée et figée dans des mécanismes réactionnels…).
Et plus vous réécoutrez ce vocal avec du recul, et plus vous entendrez l’enfant intérieur blessé. Et plus vous pourrez le rassurer vous-même, au lieu de demander à l’autre de changer quelque chose pour vous rassurer… Vous serez en train de vous défendre, de vous sécuriser, vous-même, sans chercher à l’imposer à l’autre, et donc l’ego n’aura plus à se manifester.
C’est donc en vous observant, en vous écoutant parler, en étant attentif à vos réactions émotionnelles, que vous pourrez réussir à identifier l’ego et à savoir l’utiliser à bon escient. Car si vous lisez cet article, c’est sans doute que vous êtes prêt pour cela. L’ego dans notre enfance, nous a été vital. Il nous a protégé, nous a appris à nous affirmer, mais une fois adultes, que nous avons réparé suffisamment de blessures intérieures et épuré nos mécanismes intérieurs, l’ego devient un frein à notre évolution spirituelle, à notre épanouissement personnel et à celui de nos relations.
Pourquoi briser l’ego ?
Briser, le mot est un peu fort c’est vrai. Mais souvent, l’ego se brise, il part en éclat, par couches.. Si au fil du temps vous avez pu apprendre à le calmer, à le dompter, un jour il n’aura peut-être pas d’autre choix que de s’effondrer littéralement, à moins que vous ne lâchiez jamais prise (et dans ce cas, vous risquez de revivre régulièrement les mêmes souffrances, et vous considérerez toujours que c’est la faute de l’autre).
Briser l’ego oui, car on choisit un jour de briser les mécanismes intérieurs que nous avons construits suite à de blessures ou des traumatismes émotionnels, qui nous ont sauvé à l’époque, mais qui nous nuisent à ce jour. Cela peut être brutal (réveil de traumatismes d’enfance, souffrances émotionnelles intenses causées par des contextes toxiques, ou par un amour intense ou de nouvelles relations, ou par un cataclysme, des violences…). Donc oui, briser l’ego, même s’il peut aussi être adouci 🙂 L’ego est brutal, agressif, c’est l’indigné par excellence. Il ne peut qu’être vexé de réaliser qu’il a eu tort parfois, qu’il peut se taire maintenant, qu’il ne sert plus à rien de prendre le dessus. Il a parfois besoin de vivre une souffrance émotionnelle si forte qu’on lâche prise, et qu’il se brise, sans pour autant que cela soit nocif : on peut tout simplement enfin accepter de lâcher des mécanismes parce qu’on en a marre de dépenser cette énergie pour “rien” (‘c’est à dire pour ne pas obtenir ce que je veux : abandonner l’ego, c’est donc aussi abandonner une forme de contrôle sur l’autre, le laisser libre de ses choix, adapter nos réactions en fonction)
Autre exemple de réaction de l’ego :
Votre ami doit venir dîner à la maison, vous avez préparé un festin. Comme d’habitude, il annule au dernier moment parce qu’il est fatigué. Votre ego pourrait dire “tu abuses, j’ai encore cuisiné des heures !”
Mais qu’est-ce qui est juste ? Cette personne ose vous exprimer qu’elle préfère se reposer que vous voir, elle vous prévient, elle est honnête. Vous êtes dégoûté et énervé parce que vous auriez aimé passer du temps avec lui, parce que vous avez perdu du temps… Ah non ! rectifions cela, c’est très intéressant ! C’est souvent une chose que l’ego exprime : je n’ai pas le temps. Mais en réalité, on se cache derrière cet argument sacré de notre époque, je n’ai pas le temps, pour ne pas assumer (ce qui demande beaucoup d’humilité), qu’on est surtout en colère par ce que notre implication en cuisine n’a pas pu être dévoilée à l’autre, il n’a pas pu la savourer, nous n’avons pas pu nous valoriser à ses yeux, nous restons là, seul, sans un regard sur nous, sans papilles sur notre merveilleux plat… Si vous n’aviez pas été un peu trop égoïste (! oui je sais, vous avez aussi été altruiste en lui préparant encore un bon plat), vous auriez fait preuve de compassion : “ok, tu es fatigué, repose toi bien”. Rien ne vous obligeait à cuisiner un festin… Ni à tout jeter ! Vous pouvez partager ce festin avec d’autres ou le mettre au congélateur ou le donner à un voisin. Vous avez réagit comme ça (ou de manière plus agressive !) parce que vous êtes touché dans votre fierté, qu’on n’a pas pu vous dire “merci pour ce festin, tu es un amour”, et souvent ce qui se passe quand on a de l’ego, c’est qu’on ne le reconnait même pas qu’à l’intérieur de nous on est vexé. L’ego est cette partie de nous qui se vexe, se sent humilié, mis de côté, c’est le fier qui n’a pas pu être admiré. Vous débarasser de l’ego passe d’abord par le reconnaitre : vous avez des réactions egotiques parfois, un peu fiers, même un tout petit peu, et ça suffit parfois pour tout faire capoter.
Ce qu’on ressent quand l’ego prend le dessus
Très souvent, lorsque c’est l’ego qui prend le contrôle de vous, vous ressentez de la colère.
Si vous n’êtes pas conscient de votre ego, alors vous serez fier de vous être défendu. Fier et soulagé de voir que l’autre se remet en question. Ou dégoûté que “il n’a rien compris, il m’a dit oui oui, mais c’est toujours pareil”. Vous ne pouvez pas contrôler l’autre : et tant mieux, si vous le pouviez, cela implique que la personne serait dépendante de vous, ou qu’elle n’écouterait pas son libre abritre, sa liberté de choix et d’être.
Le problème qui a causé l’éclat de votre ego peut revenir encore et encore, parce que le problème ne peut pas se résoudre dans l’expression de l’ego, mais dans l’acceptation de la liberté de l’autre : je refuse de contrôler l’autre, car c’est le réduire à l’état d’objet.
Si vous commencez à en avoir conscience, alors vous regrettez de l’avoir ressenti ou de l’avoir exprimé, car en général cela ne mène à rien qui vous apaise et à rien de valorisant pour l’autre… L’autre est dégoûté de votre réaction par exemple, et il s’en suit une dispute, qui sans doute ne résoudra pas le problème qui a fait exploser votre ego. Et cela se reproduira. Ou bien l’autre s’excuse, culpabilise de vous avoir déçu et alors vous pouvez être soit content de voir qu’il reconnait ses torts (mais sont-ce vraiment des torts ?), soit vous êtes affligé parce qu’il culpabilise et peut-être très fort, suite à votre réaction disproportionnée. Vous lui avez fait du mal.
Vous l’aurez compris, l’ego c’est pas simple ! Cela demande beaucoup d’humilité de le laisser en mode veille lorsqu’on commence à avancer sur le chemin de la destruction de l’ego.
Courage à vous, ne lâchez rien, sauf l’ego 🤪 !